Pour agir avec efficacité, il faut comprendre avec subtilité !
Edition spéciale Préjugés sur la vieillesse
Pour agir avec efficacité, il faut comprendre avec subtilité.
C’est bien sûr tout le projet de SocioGérontologie. Et plus généralement de mon métier à cheval entre la recherche et la mise en application de ces recherches.
Mais au-delà de ça c’est surtout du bon sens : avant de chercher à résoudre un problème, il faut chercher à en comprendre les origines, les causes et les conséquences.
Explorer. Identifier. Diagnostiquer.
Sauf qu’en ce qui concerne le sujet qui nous intéresse, les vieux et la vieillesse, nous sommes sur un domaine où nous avons une compréhension instinctive de ce qu’est la vieillesse, de par nos observations et expériences en tant que proches de personnes âgées.
Si bien que l’on est assez vite persuadé que le travail de compréhension est déjà réalisé, et qu’il est inutile d’aller plus loin.
Cette connaissance instinctive, c’est ce qu’on appelle les préjugés.
Le problème des préjugés c’est qu’il nous fait agir à partir d’un niveau de compréhension très faible et donc avec une efficacité très limitée, voire négative quand par exemple ce préjugé vient justifier une discrimination.
Normalement, jusque là, vous arrivez à me suivre. mais accrochez-vous parce qu’on va un peu compliquer le tableau avec deux caractéristiques des préjugés :
Les préjugés sur les vieux peuvent être vrai ou faux, parfois les deux à la fois et vous n’avez pas les moyens de faire la différence.
Vous ne pouvez pas juste d’une baguette magique les faire disparaitre (ça serait trop simple !).
Les préjugés sont parfois vrais
Et c’est bien ce qui rend les choses difficiles, car si par exemple une partie de ce que je crois s’avère vraie parce que confirmée par ma propre expérience, alors pourquoi est-ce que mes autres croyances ne seraient pas vraies elles aussi ?
Là normalement, deux camps s’opposent entre vous lecteurs, d’un côté ceux qui se disent que oui, puisque j’ai raison sur ça, pourquoi est ce que je n’aurais pas raison sur ceci également.
De l’autre ceux qui se disent que le fait d’avoir raison sur une chose n’a aucun lien sur le fait d’avoir raison ou non sur une autre chose et qu’il n’y a pas lieu de faire une telle déduction.
Et si nous posions le problème en équation, alors nous déduirons qu’il n’y a aucun lien entre ces deux croyances et donc aucune raison de les corréler.
Mais nous ne sommes pas des robots, mais des humains (et oui si vous êtes dans le deuxième groupe vous êtes un peu robot - penser à parler à des gens, ça vous fera du bien ! … enfin, ne parlez pas trop vous risquez de leur faire peur…contentez-vous d’écouter). En tant qu’humain notre cerveau est faillible et nous avons des biais cognitifs, c’est-à-dire des raccourcis que prend notre cerveau de manière à ne pas avoir à mettre en route toute la machine à chaque question.
Et ici nous sommes en plein biais de corrélation. Nous créons une corrélation entre deux objets (si j’ai bon sur A, j’ai surement bon sur B) tant bien même rien ne relie A et B.
Pour en revenir à notre sujet, les préjugés sur les vieux (au passage, un préjugé est aussi un raccourci que fait notre cerveau) peuvent pour certains êtres vrais, rendant plus difficile la distinction entre préjugé vrai et préjugé faux, et donc l’abandon de ces derniers.
C’est pour cela que la première étape est d’apprendre à repérer ces préjugés, avec par exemple notre émission Culture Gé[ronto] ! (et oui, tout ce blabla pour vous parler de notre podcast, et vous dire que nous sommes sur le point de trouver un sponsor pour la saison 2 !)
Je vous invite également à découvrir l’interview d’Annie de Vivie sur le sujet :
https://podcast.ausha.co/sociogerontologie/annie-de-vivie
Vous ne pouvez pas supprimer les préjugés
Comme je vous le disais juste au-dessus, il n’est pas facile de se débarrasser de ces préjugés. Des préjugés, on en a tous. Cela fait partie de notre fonctionnement. Et on ne peut pas les supprimer. On ne peut pas être vierge de tous préjugés.
On ne peut pas les supprimer, mais on peut les remplacer.
On peut remplacer la compréhension erronée ou partielle du sujet en question par une compréhension plus fine et plus utile.
C’est ce que j’expliquai dans l’Atelier auquel je participais lundi soir dont vous trouverez ci-dessous un court extrait.
Et c’est aussi ce dont on discute dans l’épisode intitulé “les impensés de la vieillesse”
Bonne écoute et bonne semaine !
Antoine