Cette newsletter sert quelques fois par an, de journal de bord de l’aventure SocioGérontologie et maintenant Briscard. C’est le cas de cette édition dans laquelle on va débriefer de ce premier trimestre (et demi) de Briscard et bien sûr d’AGEx.Â
Pour ceux que ce contenu n’intéresse pas :Â
- Voilà le résumé : On a crée l’évènement gérontologique de le plus cool de ce début d’année. On a galéré, fait beaucoup d’erreur, mais c’était incroyable. Et ce n’est pas fini parce qu’on va en sortir un livre (enfin ça dépend de vous -> https://fr.ulule.com/agex-le-replay/)
- Je viens de publier deux super podcasts : une interview d’un médecin spécialiste de la douleur chez les vieux, un podcast solo sur l’idée d’ouvrir un réseau de bistrot en EHPAD (il sort demain matin).Â
Pour ceux que ça intéresse, on parle aujourd’hui de
La création de Briscard
L’idée d’AGEx
Des galères et claques que nous nous sommes prises
Du jour J
De ce que nous allons faire de cette expérience
Bonne lecture
L’agence Briscard
Ce début d’année est bien sûr marqué par la création de Briscard en janvier.Â
Briscard c’est l’agence que j’ai créée avec Fanny. On ne fait principalement une chose, comprendre la psychologie de vos (vieux) clients. Et on le fait bien !
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Mais à quoi ça sert ?Â
En fait, ça dépend des clients :Â
Pour un célèbre annuaire de maison de retraite on a repensé le parcours de visite sur le site et refait le copywriting pour améliorer le taux de conversion.Â
Pour un acteur de la RSS on a approfondi la connaissance client d’un segment de clientèle pour l’aider à adapter son discours en fonction du profil psychologique.
Pour le même acteur, on a évalué l’expérience de restauration et identifié de nouvelle piste de développement de produits et services
Pour trois jeunes start up, nous avons construit des stratégies « Go-to-market » pour la mise sur le marché de leur solution.
Pour une équipe de commerciaux, nous avons totalement réécrit leurs scripts pour qu’ils collent à la psychologie de leurs clients. Résultats : toujours en construction mais on espère bien doubler le nombre de rendez-vous d’ici quelques semaines.Â
Notre activité a donc plutôt bien démarré, et heureusement, car c’est ce qui nous a permis de financer AGEx.Â
Car oui la conférence AGEx a été autofinancée par Briscard. Mais faut que je vous en parle parce que ça ne devait pas se passer comme ça…
AGEx, une bonne idée que personne ne veut ?Â
Cette idée, de conférence TEDx sur les vieux et la vieillesse, ça fait des années qu’elle me trotte dans la tête.
Si vous n’avez pas suivi, l’idée est simple : nous manquons cruellement d’outils, de concepts, de méthodes pour prendre un peu de hauteurs sur nos pratiques professionnelles et faire face aux défis qui sont les nôtres. Alors nous avons décidé de vous offrir, en une après-midi, une pure expérience de réflexion. 12 Interventions, de 12 minutes, pour vous apporter 12 idées nouvelles, dérangeantes, surprenantes, mais surtout utiles et applicables, sur les vieux et la vieillesse.
L’évènement a eu lieu le 17 avril à Tours. Et c’était vraiment top (commentaire purement subjectif !).
L’idée est simple, la réalisation beaucoup moins.Â
D’abord les intervenants. Je cherchais des idées qui seront vraiment nouvelles, qui changent des postures habituelles et qui nous inciteraient à passer à l’action ? Alors j’ai eu l’idée d’organiser un concours de jeunes chercheurs. Avec une belle prime à la clé pour les motiver à donner le meilleur d’eux même !
J’ai crée le concours auquel j’aurais adoré participer en tant que doctorant il y a quelques années. Et j’étais persuadé que les candidatures allaient se bousculer au portillon.Â
Sauf que non… Non seulement les candidatures sont arrivées au dernier moment (ce qui a rendu fou notre stagiaire), mais en plus on en a eu que 13 ! Et certaines étaient particulièrement mauvaises. Nous en avons sélectionné 8 puis avons fait des entretiens avec eux. Lors des entretiens on en a supprimé 3 autres.Â
Nous voilà avec plus que 5 candidats... Ça fait un peu léger comme programme.Â
En fait à ce moment, je ne prends pas vraiment au sérieux cette question, car j’ai une autre préoccupation : chercher des sponsors et des partenaires.Â
Sponsor & partenaires = ðŸ˜
Je fais quelques entretiens avec des boites qui ont l’habitude de sponsoriser des évènements pour comprendre comment ça marche. Je comprends que je ne suis pas vraiment dans les délais alors je compense en construisant une super offre, très avantageuse pour les boites, beaucoup moins pour nous, mais on a besoin de cash et vite.
La conférence attirera des directeurs d’établissements alors on proposera à des boites qui veulent s’adresser à ces personnes de devenir sponsor. On promet une grosse exposition sur les réseaux, du contenu exclusif, des RP, bref de quoi se faire repérer par leurs prospects avec un contenu intelligent et décalé, très loin de leur contenu fade et corporate qu’ils font habituellement.
On cible une quarantaine de boites, et ... rien.
Je pourrais vous dire que ces entreprises sont stupides, qu’elles ne comprennent rien au marketing d’influence, qu’elles sont passées à côté d’une belle opportunité, etc. La réalité, c’est que j’ai fait une énorme erreur, en me concentrant sur les boites qui étaient assez mauvaises sur les réseaux. Ce que je pensais être un manque de compétence ou de temps était en réalité un désintérêt. Ces boites ne pensent tout simplement pas que les réseaux sont utiles pour leur business. Alors, pourquoi chercheraient-elles à y développer leur présence ?
Dit autrement, on leur proposait de régler un problème qu’ils n’ont pas et évidemment ça ne les intéressait pas. Le temps que je réalise cela, il était trop tard.Â
C’est la première claque que je me prends. Je pensais avoir bien fait mes devoirs, mais non. J’ai rendu une copie appliquée et intéressante, mais hors sujet. 0/20. Douloureux, mais mérité. Â
Peut-être feront-nous mieux avec les partenaires à qui on demande juste un coup de main pour la communication ou des avantages en nature ? Non !
- Nous avons frappé aux portes des collectivités locales qui subventionnent habituellement ce genre d’évènement et qui se sont contentées de nous balader de service en service.
- Quant aux administrations en charge des vieux (département, ARS, CCAS, etc.) avec qui on partage pourtant la même ambition, la plupart n’ont même pas répondu à nos mails.
On avait prévu 15000 euros de budget, couvert par le sponsoring (et la vente des billets), et là on commence petit à petit à prendre conscience qu’on aura zéro de ce côté-là .Â
Deuxième claque
Pas de problème, me dis je, nous allons nous rabattre sur la vente de place pour la conférence.
Et puis quitte à être indépendant, transformons ça en évènement de lancement de notre boite !Â
Alors on a lancé des préventes, -50% pour ceux qui croient au projet et décident de le soutenir avant que l’on présente le programme. On ouvre 50 places, et ça doit durer 3 semaines. Résultats : 22 ventes... même pas la moitié de l’objectif. Une calamité.Â
Réunion de crise : faut-il arrêter ?Â
Si l’on annule on perd seulement 2000 euros d’acompte, si l’on poursuit, sans sponsor et avec peu de ventes, on prend le risque de faire salle vide et de perdre beaucoup d’argent.
Je le vis assez mal. C’est une vraie claque que je me prends en ne parvenant pas à vendre les tickets de la prévente.Â
J’étais persuadé que les dizaines d’entrepreneurs que j’ai aidés ces dernières années me renverraient l’appareil, que la communauté que j’ai fédérée autour du podcast répondrait présente. Mais non, ou si peu... Ils ont tous de très bonnes excuses, m’envoient leurs encouragements, mais là nous avons plutôt besoin d’une preuve tangible que notre idée a de la valeur.Â
Un dernier espoirÂ
J’ai quand même envie de le faire, alors on coupe dans le budget. Régime pain sec et eau, mais on est encore dedans pour plusieurs milliers d’euros. L’entreprise vient de se lancer, on a bien démarré, mais j’ai l’impression de bruler le cash qui aurait pu nous servir à accélérer notre développement.
Mais on le fait parce que j’ai encore un espoir, un dernier espoir : faire des ventes plein tarif parce qu’on a quand même un programme de folie !Â
Enfin pas encore, mais bientôt.Â
J’ai repoussé la sortie du programme en attendant la fin des préventes, et la décision de continuer ou pas.Â
Mais là c’est acté, on continue. On ira jusqu’au bout ! Â
Il nous faut donc un programme, je veux 10 interventions, à la rigueur 9, et pour l’instant nous en avons 5.Â
6 avec celle que j’ai prévue. 7 puisque je décide d’en faire une seconde.Â
J’appelle Alexandre, c’est le premier auquel je pense et l’intervenant que je veux à mes côtés pour cet évènement. Il accepte. Nous sommes 8. Ça prend forme.Â
Je mets Fanny sur le programme. J’ai cette idée depuis le début, mais je sais qu’elle aurait refusé, préférant rester en coulisses. Mais là , on est dans la merde, alors elle accepte. 9.
Depuis quelques jours j’échange avec Lola, on a des idées communes et plutôt contrariante sur l’innovation dans la silver Éco, alors je lui propose de se joindre à nous. et de 10.Â
Ça y est on tient notre programme. Et il est vraiment bien !
Il est temps de lancer les ventes !Â
Et là ...Â
Et là rien du tout, les ventes sont difficiles, une par ci, une par là . L’outil de paiement qui bug, des annulations / remboursements, certains qui veulent payer par virement, etc.Â
Entre-temps il arrive quelque chose de pas vraiment inattendu, mais de perturbant quand même : un bébé !Â
Ma femme vient d’accoucher, je dois gérer le grand, le retour de la maternité, les nuits, etc.Â
Et ce magnifique garçon est bien sûr en avance si bien qu’on avait encore des missions clients en court. Je me concentre dessus pendant que Laurène et Fanny avancent sur AGEx.Â
Le mois passe à une vitesse folle et nous voilà déjà début avril.Â
On n’a pas vendu autant de places qu’on le voulait. Mais la salle commence à se remplir.
Entre-temps on a réussi à coacher chacun de nos intervenants et ils sont incroyables.
En plus, deux interventions surprises se glissent à la toute fin : Marlène qui nous parlera des jeunes et de comment les intéresser aux métiers de l’accompagnement des vieux. Et moi, je décide de préparer une troisième intervention, plus personnelle, intime presque, intitulée la « soutenance volée ».
Le calme avant la tempête
À 10 jours de l’évènement, je me prends la troisième grosse claque de cette organisation : on doit changer de salle.
Je m’étais fait le film 200 fois dans ma tête, je m’étais projeté dans la salle de conférence, j’adore ce lieu, et là on doit changer. Pour une salle qui ne me plait pas du tout.Â
Ça parait ridicule, mais je le vis très mal.Â
Pour autant je n’ai pas le choix. Il faudra faire avec.Â
On entre dans un période assez étrange : on n’a plus rien à faire ou presque. On a fait tout ce qu’on avait prévu de faire, et d’un point de vue logistique on est prêt. On est les premiers surpris de ça.Â
Et c’est assez désagréable, un peu comme lorsque vous partez de chez vous avec l’impression d’avoir oublié quelque chose, mais vous ne savez pas quoi, vous espérez juste que ce ne soit pas une casserole sur le feu !Â
Enfin bref, j’ai la semaine pour écrire mes interventions et je suis très content de pouvoir passer autant de temps à l’écriture. Même si évidemment je ne suis pas aussi prêt que je l’espérais.Â
Jour J - le trou noir
Lundi 17 avril, c’est le jour J.Â
J’aurais aimé vous raconter ce qu’il s’est passé, mais je dois vous avouer que c’est assez flou. On est même assez proche du trou noir.Â
Je ne retiens que quelques émotions. Le stress évidemment. L’excitation surtout.
Puis la joie qui ne fera que monter au fil des heures :
quand tous les intervenants sont là ,Â
quand la répétition se passe bien,Â
que mes grands parents arrivent,Â
puis les participants,Â
quelques collègues très proches,Â
beaucoup d’inconnus,Â
que les interventions s’enchaînent,Â
qu’on tient le timing à la seconde près,Â
que la salle est pleine,
les applaudissements intenses.Â
Puis le soulagement du clap de fin.Â
Et tout de suite la fierté, d’avoir donné vie à ce projet, mais surtout de l’équipe, Fanny et Laurène, qui ont fait un boulot incroyable.Â
Je me suis lancé dans Briscard pour vivre des moments comme ça. Et je ne l’avais pas réalisé avant, mais ce qui rend ces moments si précieux, c’est de les partager avec son équipe. Ce qu’on a fait peut paraitre bien peu de choses au regard des grandes messes de notre secteur, mais à l’échelle de notre petite agence c’était tout simplement incroyable.
Et la suite ?Â
La suite c’est la campagne de crowdfunding qu’on vient de lancer pour financer le replay et le bouquin. Parce que oui j’ai très envie d’en faire un livre.
C’est surtout une sorte de test pour nous. On a reçu beaucoup de soutien sur les réseaux depuis la fin de l’évènement, mais on n’a appris en cours de route que les likes et commentaires n’engagent pas à grand-chose. Alors si ce qu’on propose a vraiment de la valeur, on pourra le voir avec la campagne.Â
https://fr.ulule.com/agex-le-replay/
Sinon, on retournera à faire ce qu’on fait de mieux : nous plonger dans la psychologie des clients de nos clients !Â
Quels enseignements je tire de cette aventure ?Â
- C’était une aventure incroyable, on est content de l’avoir fait, mais ce n’est pas notre zone de génie
- On a eu des loupés, on n’a pas trouvé de sponsor et on n’a pas vendu autant de place qu’espérer. Résultat, on a perdu beaucoup d’argent (plus de 5000 euros).
- On aurait dû faire quelque chose de plus simple en supprimant le concours de jeunes chercheurs.Â
- On aurait dû prendre plus de temps.Â
- On aurait dû cibler des entreprises qui investissent déjà dans du contenu pour les réseaux sociaux, car ils auraient compris la valeur qu’on leur apporterait.
-On aurait dû…
- Mais c’est aussi comme qu’on apprend, et
- Ça nous conforte dans l’idée que notre valeur ajoutée c’est le passage à l’action. Ca nous donne confiance dans notre capacité à faire sortir des projets de terre. D’ailleurs c’est ce qu’on va faire avec Briscard !
À très bientôt pour la suite des aventuresÂ
Antoine
PS : La semaine prochaine on parle d’éthique : Faut-il ouvrir des bistrots en EHPAD ?