5 vérités dérangeants sur les vieux et la vieillesse
+ Questions sur AGEx + Comprendre enfin quelque chose aux mesures de représentations
Bonjour, je préfère vous le dire d’entrée de jeu, ces derniers jours ma quantité de sommeil à drastiquement diminuée et ma consommation de caféine a explosée (pour la raison que je vous expose en fin de newsletter). Résultats ? j’ai beaucoup écris…
Au programme :
5 vérités dérangeantes sur les vieux et la vieillesse
AGEx : FAQ et fin des préventes
Podcast : Question à une juriste
Article - combien vaut vraiment votre produit ?
5 vérités dérangeantes sur les vieux et la vieillesse
Mardi, j’ai publié cela,
et ça a quelque peu débattu. On ne va pas se le cacher, c’est exactement le but ! Ici, je voudrais revenir sur chacune de ces « vérités » et vous donner quelques pistes de réflexion.
1. Ceux qui ne veulent pas utiliser le mot vieux sont souvent ceux qui ont le plus de préjugés sur les vieux
Évidemment, il y a ici une part de provocation puisque je ne peux pas dire que j’ai fait une enquête sur le sujet. Néanmoins je constate souvent que ceux qui s’offensent le plus du mot vieux sont ceux qui voudraient qu’on ait une image positive de la vieillesse, quitte pour cela à travestir la réalité, à l’édulcorer.
Nous on ne veut pas donner une meilleure image de la vieillesse, on ne veut pas faire croire que c’est un âge merveilleux et que les vieux sont des gens formidables.
Nous notre combat, c’est de lutter contre les préjugés ou les méjugés. Ce qui nous importe, c’est d’avoir un regard vrai parce que si l’on veut accompagner les vieux, avoir une représentation idéaliser est tout aussi problématique que d’en avoir une image négative.
Et quand je vois un professionnel avoir peur du mot vieux, je ne peux m’empêcher de me demander comment il va faire face à des situations vraiment pas belles ou réellement terrifiantes…
Et si vous voulez savoir pourquoi j’utilise le mot vieux, voici une interview de moi au micro du podcast dans ma vie d’infirmière où j’en parle.
2. Parler de la mort ne les fera pas mourir, bien au contraire
J’ai souvent parlé de la mort avec les personnes que j’interviewais dans le cadre de mes recherches. Parfois parce que c’était le thème de mon étude, d’autres fois parce que j’étais une oreille attentive à leur disposition. Et s’il est évident que je ne peux tirer de statistique de ma propre expérience, je suis souvent surpris du peu de tabous des personnes rencontrées sur ce sujet.
Et après tout c’est normal puisqu’être vieux c’est devoir faire face à sa propre finitude (épisode #3 : Les contraintes du vieillissement). De fait, il est normal que ce sujet les « travaille », et que lorsqu’ils sont face au bon interlocuteur ils en profitent pour en parler. La discussion joue alors ce rôle de soupape de décompression, et permet d’un peu mieux vivre avec cette idée.
Maintenant, je voudrais nuancer un peu ma « vérité dérangeante » : Il ne faut pas parler de la mort, il faut être prêt à écouter les personnes qui en ont besoin nous en parler.
C’est une nuance importante parce que :
Chacun chemine à sa vitesse
Les gens peuvent avoir besoin d’en parler, mais vous n’êtes simplement pas la bonne personne
La personne peut ne pas avoir besoin d’en parler, car elle trouve ses réponses ailleurs (dans la religion par exemple)
Et donc notre job en tant qu’accompagnent, ce n’est pas d’en parler, mais d’être prêt à écouter. Et donc c’est d’abord notre propre tabou sur la mort qu’il nous faut dompter !
3. Les vieux ne se suicident pas parce qu’ils veulent être morts, mais parce qu’ils ont peur de mourir.
J’aime particulièrement cette « vérité » déjà parce qu’elle est très dérangeante, mais aussi parce que c’est une grille de lecture, un paradigme. Et l’espace d’un instant, plutôt que de vous demander si c’est vrai ou faux, je vous invite à penser que c’est vrai et de vous demander ce que cela implique.
Ce que je veux exprimer ici c’est que le suicide de la personne n’est pas une envie d’en finir avec une vie difficile et pleine de souffrance, ce n’est pas un renoncement ou un abandon. Ce n’est pas un suicide dépressif.
Il s’agit d’une envie de contrôler les conditions de sa mort tant qu’il est encore possible de le faire. La vieillesse, la maladie et la fin de vie à venir fait peur et c’est pour ne pas avoir à vivre ce « mourir » que certains choisissent de mettre fin à leur vie. Mais ce n’est pas par désir de mort, mais bien par peur de perte de contrôle.
Maintenant quelques précisions et nuances :
La première c’est que la mort est l’état qui résultat du « mourir » tandis que le mourir c’est les conditions du passage de l’état de vie à celui de mort, qu’on appelle habituellement fin de vie, mais que je trouve réducteur, car dans le cas d’un suicide il-y-a « mourir » sans fin de vie.
La seconde nuance est évidemment que la crise suicidaire de personne âgée dépressive existe en parallèle de ce modèle. Et je distingue clairement ici ces personnes, habitées par une immense tristesse, et qui souhaitent en finir avec leur vie, de ceux dont j’ai décrit le comportement plus haut.
La troisième, c’est que mon interprétation est difficilement « mesurable », dans le sens où lorsque la personne s’est suicidée, je ne peux évidemment plus l’interroger. Je dois donc recouper trois types de données : des discours de personnes non suicidés et non suicidaires sur le rapport à la mort et au suicide, des données contextuelles sur le suicide rapporté par les équipes, quelques rares témoignages de personnes ayant médiatisé leur suicide (comme ici par exemple)
Je crois que si c’est une idée autant dérangeante, c’est au final parce que ça revient à dire que quelqu’un qui va bien peut arriver à mettre fin à ces jours, et c’est terrifiant de n’avoir aucune explication pathologique d’un tel acte, et donc aucun levier de prévention à notre disposition de professionnel.
4. Les familles qui crient le plus fort au scandale de maltraitance sont celles qui vient le moins voir leurs parents
Celle-là est purement gratuite puisque je dois le confesser j’ai été choquer par certaines réactions des familles qui semblaient découvrir la vie que mène leurs parents en établissement. Ne se sont ils jamais posé la question avant cela ? Ne venaient-ils jamais les voir ? Ils nous disent quoi faire, mais en sont-ils capables ? Etc.
Alors oui des progrès doivent être faits, et j’ai déjà dit tout le mal que je pensais des EHPAD, mais peu de familles méritent vraiment d’être écoutées. Et celles qui le méritent ce ne sont pas celles qui ont été choquées par les révélations puisque ces familles sont déjà au côté de leur proche dans les établissements, elles connaissent les équipes, leur engagement. Elles savent aussi que leurs parents est parfois… disons compliqués.
Donc oui, cette « vérité » est gratuite, mais je déteste l’indignation de façade des gens non impliqués alors que d’autres s’engagent jusqu’à l’épuisement.
D’ailleurs voilà exactement comment je vois les familles : https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:6909149628336652288/
5. La vieillesse c’est parfois moche, souvent difficile et toujours contraignant
J’ai commencé le podcast avec ces mots et je ne me doutais pas alors que certains s’offusqueraient que je ne cherche pas au contraire à montrer les côtés positifs de la vieillesse. Et après tout c’est vrai, c’est ce que fait tous les autres podcasts qui parlent des vieux, que j’écoute tout par ailleurs.
Mais moi j’ai décidé de faire ça pour les professionnels. Pour ceux qui travaillent avec les vieux ou qui construisent des solutions pour les vieux. Et ce qu’eux / vous avez besoin, c’est d’un regard vrai, précis, utile.
Mais des vieux qui sont heureux, pour qui la vieillesse est facile, qui s’épanouissent dans le très grand âge, ça existe ! Oui, enfin en théorie, parce que c’est vrai qu’on n’en a pas vraiment rencontré (et que ceux qu’on rencontre ne nous montrent que ce qu’ils veulent bien nous montrer).
c’est là la différence entre un modèle vrai et un modèle correct
S’agit-il vraiment de « vérité » ?
Je ne vous ferai pas le coup de vous dire que ce sont mes vérités, mais pas forcément les vôtres et que toutes les vérités se valent. Je déteste ce relativisme dont nous sommes pourtant abreuvés dans nos études de sciences sociales. Et si sur le plan thérapeutique, ça peut avoir un intérêt, sur le plan épistémologique je trouve cela particulièrement néfaste.
Ceci étant dit, se pose quand même la question de la véracité de mes vérités dérangeantes. Laissons de côté un instant l’intention de provocation derrière le terme de vérités qui permet de susciter le débat parce que je voudrais vous parler d’une différence entre le vrai et le correct.
Le correct, c’est ce qu’on recherche en science. On cherche un modèle théorique aux phénomènes observés qui soit suffisamment convaincant pour convaincre une revue à comité de lecture et être publié. Une fois publiée, vous avez fait de la science. Que ce modèle se valide sur le terrain ou qu’il soit utile aux professionnels ou aux citoyens n’a aucune importance. Ce qui compte c’est qu’il soit convaincant.
Le vrai, c’est ce qu’on recherche quand on est sur le terrain. C’est ce qui marche concrètement même si on a du mal à en comprendre tous les tenants et aboutissants. Le vrai c’est ce qui nous aide à donner du sens à ce qu’on observe. Alors oui le vrai n’est parfois pas correct. (Rassurez-vous, le correct n’est pas souvent vrai).
Pour appréhender le vrai, il faut commencer par l’accepter tel quel et se demander ce que cela implique, pour moi, dans ma pratique professionnelle. Puis décidez, ou non d’adopter cette lecture du monde.
Je ne dis pas que vous devez croire chacune de ces vérités, mais je vous incite à vous demander en quoi elles peuvent vous aider à comprendre ce que vous vivez si elles sont vraies.
AGEx, de nouvelles vérités dérangeantes sur les vieux et la vieillesse
C’est aussi à cette hygiène mentale que je vais vous inviter lors de la conférence AGEx. Les 10 interventions auront comme consigne d’être vraies, c’est-à-dire de vous donner à voir des idées, des concepts des outils qui vous aideront concrètement à mieux travailler. Et pour cela je suis très content du casting qu’on a réuni. Je crois que la nouvelle vague de penseur en gérontologie que j’essaye de constituer depuis quelques années va prendre un nouveau tournant.
Je ne vous dévoile pas encore le programme puisque jusqu’à ce soir votre place pour la conférence AGEx est encore au tarif prévente. Demain quand sortira le programme on passera au tarif plein.
Je ne vous refais pas tout le détail de ce qu’est AGEx, vous trouverez ça sur le site agex.briscard.fr, mais je vais répondre à quelques questions et remarques
On fait ça pour le fric
Absolument ! On vend des tickets pour couvrir les dépenses d’un tel évènement parce que pour l’instant on est très déficitaire et moins on est déficitaire à la fin moins on prend de risques avec Briscard.
On cherche également des sponsors pour nous accompagner dans ce projet, avec un deal assez avantageux puisqu’en plus de l’exposition médiatique qu’on offre au sponsor, on offre également des jours de consulting ! (Si ça vous intéresse, faites-moi signe !)
D’ailleurs on fait tellement ça pour le fric qu’on a créé une association qui assure l’organisation de l’évènement. Avec ça c’est sur on va devenir très très riche !
45 euros c’est trop cher
Alors, dépêchez-vous parce que ce soir le prix double !
Plus sérieusement je comprends cette objection parce que vous n’êtes pas certain du retour sur investissement d’une telle conférence.
Maintenant pour estimer si ça en vaut la peine,
demandez-vous si vous avez tiré quelque chose de mes podcasts, vidéos, articles.
Si oui, imaginez maintenant 10 interventions qui ont pour objectif de vous retourner le cerveau.
Rajoutez-y la possibilité de poser vos questions et d’approfondir les discussions lors du cocktail.
Et si tout cela ne vaut pas la somme qu’on en demande alors en effet vous ne devriez pas venir.
À mon avis (qui est évidemment très objectif !) n’importe laquelle des idées que vous aurez en assistant à la conférence suffira à amortir votre dépense.
Je peux venir en équipe ?
Je vous encourage à venir en équipe, c’est à mon sens un excellent moyen de réfléchir ensemble. Néanmoins vous ne pourrez pas prendre plus de 5 places sur notre outil de paiement, alors si c’est le cas, envoyez-moi un mail que je vous mette les places de côté.
D’ailleurs je rappelle que c’est un évènement pour les professionnels, pas pour le grand public !
Il n’y a pas de vieux sur scène
Non. Je n’ai pas envie d’un vieux qui nous raconte sa vie et fait passé cela pour l’expérience commune à tous les vieux. Je crois au travail du chercheur qui va croiser les sources, aller au fond des choses, faire une véritable interprétation de ses matériaux de recherche, réfléchir aux applications concrètes de ses recherches, etc.
Si c’est des témoignages de vieux dont vous avez besoin, faite ce que recommande ce monsieur et allez au contre-salon. (Attention, malgré ce qu’ils disent, et avec toute l’affection que j’ai pour ce mouvement, ces vieux ne représente qu’eux-mêmes).
Par ailleurs, on a eu quelques vieux qui ont candidaté, mais ils étaient à la fois très mauvais et persuadés d’être pertinent, voire novateur. Autant vous dire que j’ai appliqué à la lettre mon propre précepte « les vieux sont des adultes comme les autres » et je les ai rapidement fait redescendre sur terre !
Podcast - Question à une juriste
Il y a quelques jours j’ai publié le podcast Question à une juriste, avec Laëtitia Godin, qui permet de faire une bonne fois pour toutes le point sur les différents systèmes d’assistance et de représentation.
Et pour faciliter encore la compréhension de ce sujet, Fanny a fait un petit récapitulatif des différentes mesures en un court mémo très simple à comprendre.
Juste là :
Sur ce, très bonne semaine, et je vous rappelle que vous avez jusqu’a ce soir pour bénéficier du tarif prévente pour assister à AGEx.
Antoine
PS : Mon état de fatigue/excitation (j’ai quand même du supprimer 1/3 de cette newletter qui était trop longue pour être envoyée… (→ Combien vaut votre produit)) s’explique par l’arrivé d’un mini-Briscard chez moi.
You’ve got an ally!👌